Animation
L'animation urbaine peut être définie comme un espace doué de vie ou en perpétuel mouvement. Cet espace public est alors responsable d'une certaine activité collective dans son milieu.
Cette notion prend place dans le projet sur deux niveaux, soit par la création de diverses places publiques créant une dynamique de quartier qui lui est propre et aussi par les activités multiples permises dans une grande majorité des bâtiments.
01 Cadre théorique
Dans le cadre théorique entourant la notion d'animation, il sera question de la ville du quart d'heure de Carolos Moreno, la notion de chrono-urbanisme ainsi que celle de diversification.
« Le chrono-urbanisme, la ville malléable et la ville du quart d'heure comme concepts pour la ville de demain.»
(L'équipe de LaVilleE+, 2020)
Ces théories tentent principalement d'imaginer une ville où les services/activités sont accessibles en peu de temps, à pied ou à vélo, en tout temps et par tous.
Ville du quart d'heure
La ville du 15 minutes, aussi appelée la ville du quart d'heure, est un concept élaboré par Carlos Moreno. Il imagine une ville où tous les services et activités nécessaires au bien-être et à la vie quotidienne des résidents sont accessibles en moins de 15 minutes de marche ou de vélo.
« Cette organisation urbaine permettrait à tous les habitants d'accéder aux besoins essentiels en 15 minutes de marche ou de vélo.»
(Carlos Moreno, 2016)
Cette notion définit 6 fonctions sociales urbaines essentielles : se loger, travailler, s’approvisionner, être en forme, apprendre et s’épanouir. L’accessibilité à des services et des équipements au niveau du quartier implique une organisation urbaine polycentrique.
En effet, la ville du 15 minutes repose sur 4 éléments clés soit la densité, la proximité, la mixité et l’ubiquité.
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Une population dense est une caractéristique essentielle qui permet le développement du commerce de proximité et de la mobilité active nécessaire à la ville des courtes distances.
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La proximité (spatiale et temporelle), directement reliée à la densité, permet l’accès aux 6 fonctions sociales urbaines dans un périmètre de 15 minutes de marche ou de vélo.
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La mixité fonctionnelle assure la coprésence de tous les services et équipements nécessaires à l’échelle du quartier.
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L’ubiquité par le numérique permet de combler des lacunes du territoire en utilisant le numérique comme outil de proximité relié au quartier.
Le Chrono-Urbanisme
« Et si l'on transformait les routes en parking la nuit ? Et si des espaces d'éducation devenaient des lieux d'accueil la nuit ? Et si les toits de nos immeubles pouvaient aussi faire office de jardins ? Et si des terrasses de restaurants poussaient sur des places de parking»
(RTBF actualité, 2021)
Tous ces questionnements sont des réflexions qui émanent de la notion de chrono-urbanisme. Ce concept repose principalement sur la réflexion d'un usage différent de la ville selon le moment de la journée. En effet, développé par le planificateur Clarence Perry dans les années 1990 le chrono-urbanisme se définit par la gestion de la ville en fonction du temps.
Il s'agit de réfléchir un espace, un bâti, de façon à ce que celui-ci puisse servir à plusieurs moments dans la journée. Pourquoi plusieurs espaces ne devraient être utilisés que de 8h à 17h? Pourquoi ceux-ci ne pourraient pas se transformer et servir à plusieurs personnes à plusieurs moments? C'est ce que tente de démonter la théorie du chrono-urbanisme.
Consolidation urbaine | diversification
La consolidation urbaine est un mode d'urbanisation qui mise sur les opportunités de développement et de redéveloppement d'un secteur à l'intérieur même des milieux déjà urbanisés. Plus précisément, cette théorie consiste à optimiser l'utilisation d'un territoire afin d'en assurer la rentabilité, de retenir et d'y attirer de nouvelles activités et de tirer au maximum les qualités d'un milieu de vie déjà existant.
Analyse par l'animation
C'est donc par cette idée de diversification et de multifonctionnalité que sera analysé le projet Merwede dans cette section.
02 Analyse urbaine
En réponse à un quartier devenu désuet, le projet vise à faire redécouvrir une nouvelle partie de la ville qui se trouve très près du centre-ville.
Merwede crée une diversité d’espaces, des plus calmes aux plus animés et variant les fonctions, pour incorporer l’approche du chrono-urbanisme. Grâce à une analyse du potentiel d’achalandage sur le site, des points sources sortent du lot. Viennent se développer autour de ces pôles différents types d’espaces extérieurs.
À ces points sources, un au Nord et un au Sud, on trouve les « Carrés du district », qui visent à causer des rencontres entre les habitants de Merwede et ceux de la ville de Utrecht. On y trouve des fonctions comme des écoles, des commerces, des restaurants, mais aussi le transport collectif à proximité ainsi que la piste cyclable qui passe en son centre.
Le but de mélanger les groupes sociaux, les jeunes et les aînés par exemple, consiste en un point fort résultant de cette mixité des usages. Au Carré du district le plus au nord (#10 de la carte de droite), par exemple, on retrouve divers usages comme des commerces, des restaurants, une salle communautaire et une maison de la culture. De plus, en rendant un maximum de logements accessibles universellement et en adaptant les places publiques à tout type de personnes à mobilité différente, ce mélange social est également favorisé: 20% des logements sont construits pour durer toute une vie à une personne, qu’il soit plein d’énergie ou devenu très peu mobile avec le temps.
Sur l’axe vertical et central se situent le deuxième type de place le plus contingenté: « La place de quartier ». C’est alors que la place s’adapte à son environnement piéton et plus local en se connectant à des fonctions rendant service aux habitants de Merwede. Plus l’espace s’éloigne d’un des points sources, plus il sert d’espace de détente et de rencontre entre résidents. À cet endroit, les entrées des bâtiments s'accèdent facilement dès l’espace public. On comprend alors que peu importe l’endroit où le marcheur se trouve, il se sent en sécurité car toujours près des habitants.
La notion du chrono-urbanisme s'applique donc ici autant au niveau de l'échelle des diverses places publiques qui offrent différentes fonctions, qu'au niveau du bâtiment qui offre plusieurs services.
03 Méthode d'analyse de Bentley et al (1985)
Cette section permettra de faire des liens entre la méthode d'analyse de Bentley et al qui établit 7 qualités essentielles d'une ville « humaine » et l'analyse par l'animation du quartier de Merwede.
Qualité de perméabilité
Qualité de variété
Selon Bentley, la variété serait la mixité d'activités, d'usages et de formes que l'on peut retrouver dans le milieu, et cela influencerait le nombre et la qualité des choix offerts aux usagers.
+ Positivement
Pour le projet Merwede, chaque espace de vie commune accessible au public comprend une mixité d’usages qui bénéficient les uns aux autres. Par exemple, l’école secondaire près du ruisseau traversant le site comprend une salle de sport. Cette salle de sport s’ouvre au public, ce qui fait en sorte qu’en plus de faire cohabiter différents âges, les espaces s’utilisent à plusieurs moments dans la journée pour participer à l’animation du quartier.
La variété est aussi permise grâce à une gamme de logements disponibles. Un programme d'aide pour les sans-abris est même réfléchi, pour leur offrir des habitations temporaires et une aide personnalisée pour trouver du travail.
Qualité de lisibilité
Selon Bentley, la lisibilité est une qualité qui influence directement la compréhension que les usagers font d'un milieu et la facilité de s'y orienter. Cela a donc un impact sur l'expérience de l'usager.
+ Positivement
Les carrés de district, les places de quartier, les cours intérieures et les nœuds se distinguent du reste, malgré l’absence de routes pour bien les délimiter, grâce aux intersections comme nous le voyons souvent.
Les bâtiments adjacents se soustraient en partie pour générer une forme plus rassembleuse des places là où différentes mobilités se rejoignent.
- Négativement
Pour l’instant, dans le plan de développement du projet, il ne semble pas avoir quoi que ce soit qui distingue visuellement les places, qui leurs donnent une identité unique, mais l’instauration de repères visuels distincts serait à considérer selon notre équipe.
Selon Bentley, la perméabilité du tissu influence et qualifie l'accès aux lieux. Elle peut se définir par un choix d'orientation, une mise en valeur des connexions physiques et visuelles ainsi que par les possibilités de cheminement et de déplacement au coeur d'un projet.
+ Positivement
Dans le projet, le fait que toutes les entrées se situent du côté de l’espace public permet la perméabilité du lieu. Opposé à cette entrée, le côté privé dans la cour intérieure se surélève dans certains cas et clarifie la zone comme privée, tout en restant accessible au public la majorité du temps.